
C’est intéressant de penser qu’il y a autant de façon de définir le mot « francophonie » qu’il y a de francophones ! L’environnement dans lequel on apprend le français et surtout les raisons qui nous poussent à le faire influencent grandement la relation qu’on entretient avec notre langue. Jennifer Guiho entretient justement une relation captivante avec son français !
De Timmins à Toronto pour finir à Kingston
Grandissant dans une famille exogame où le parent anglophone parle très peu le français, le nid familial de Jennifer interagit principalement en anglais. C’est donc dans une école francophone de Timmins qu’elle développe son français.
« L’importance que mon école donnait à l’identité franco-ontarienne impacte à ce jour mon identité personnelle. », dit-elle.
Elle poursuit ensuite ses études supérieures à Glendon, campus de l’Université de York, et complète un double baccalauréat bilingue en philosophie et sciences politiques. Son parcours universitaire vient d’ailleurs chambouler son rapport avec la langue française.
Une sortie sans retour
« Dans le cadre de ma troisième année de bac, j’ai eu la chance d’effectuer un échange étudiant d’un an à Nice, en France. Jusqu’à ce moment, j’avais une bonne confiance envers mon niveau de français. Mais en intégrant un milieu majoritairement, presque entièrement francophone, j’en ai perdu un grand morceau. », raconte Jennifer. Le jugement des Français envers son français ontarien instaure de grands doutes chez elle qui, petit à petit, lui font perdre cette fierté que les établissements scolaires lui avaient transmise.
Lentement, mais sûrement
L’étudiante au doctorat à l’Université Queen’s travaille encore aujourd’hui à rebâtir son dévouement linguistique. À Kingston depuis 2017, elle s’efforce de déconstruire les mauvaises pensées qu’elle a développées en France.
« Faire des erreurs en français ne veut pas dire que je suis moins intelligente. C’est facile à dire, mais c’est d’appliquer ce mantra au quotidien qui est un plus grand défi ». Depuis le début de 2021, Jennifer travaille pour le Commissariat des Langues officielles comme analyste politique junior. Ce milieu lui permet d’utiliser sa langue seconde au quotidien. Elle se force graduellement à travailler davantage en français et cela vient avec beaucoup de bénéfices.
« En assistant à un webinaire sur l’insécurité linguistique dans le milieu de travail, je me suis sentie tellement validée. C’était la première fois que j’entendais un établissement reconnaître mon expérience. C’est clair maintenant que tout le monde aime voir les gens s’améliorer et que malgré les erreurs commises, ils apprécient mes efforts. »
Un souhait pour la communauté
Si Jennifer retient une chose de son parcours, c’est l’importance de l’acceptation de tout francophone, peu importe leur niveau de langue. Le français n’est pas une des langues les plus simples à apprendre et même certains francophones de naissance peuvent perdre celle-ci au fil du temps. Pour entretenir cette dite langue, il faut une communauté pour l’utiliser !
Nous tenons à remercier Jennifer pour sa participation et sa vulnérabilité lors de l’entrevue. C’est un extrême plaisir de pouvoir présenter une jeune femme d’ambition à la communauté régionale !
L’Équipe ACFOMI